L’article de Frédérique Schmidiger dans le Figaro Magazine.
Parution le vendredi 22 avril 2022.
Diversifier son patrimoine dans des actifs bien réels peut s’avérer tentant. Encore faut-il savoir où investir et les gains qu’on peut espérer en retirer.
« Il ne se passe pas une semaine sans que vous receviez par mail ou que vous voyiez passer sur les réseaux sociaux une publicité pour investir […]. À croire que le secteur est dans risque et que n’importe quel acteur peut s’improviser spécialiste dans ces actifs « atypiques ». Mais la réalité est tout autre. Seuls six intermédiaires sont aujourd’hui autorisés à proposer au grand public de tels placements […]. Cette poignée d’intermédiaires en « biens divers » sont les seuls à avoir enregistré leur offre auprès de l’Autorité des marchés financiers (AMF), le gendarme de la Bourse qui a aussi pour mission de protéger les épargnants […]. Pour figurer sur cette liste blanche, il faut démontrer à l’AMF que l’économie et le cadre juridique du modèle tiennent la route et que les informations données aux investisseurs les éclairent correctement sur les contraintes, les frais et les risques. Pour obtenir son feu vert, 18 à 36 mois d’échanges avec l’AMF et des frais conséquents sont généralement nécessaires. De quoi décourager les acteurs les moins convaincus et surtout les escrocs et autres opportunistes.
Investir dans des vaches, c’est possible.
Convaincu, Elevage et Patrimoine l’était. Mais il lui a fallu 3 ans pour expliquer et affiner son offre qui repose sur le bail à cheptel. Créée en 1993, la société avait pour elle une solide antériorité et un modèle d’investissement qui remonte au XIème siècle, comme aime à le rappeler Sébastien Dumais, le patron de l’entreprise. Elevage et Patrimoine se charge de mettre en relation des investisseurs qui achètent des vaches avec des éleveurs laitiers qui leur louent les bêtes. « La rémunération repose sur le grossissement du troupeau. L’éleveur verse, en nature ou en argent, un loyer équivalent au prix d’une vache pour dix louées« , explique Sébastien Dumais. Quelque 30 000 vaches laitières (1% du cheptel français) sont ainsi confiées aux 1 000 éleveurs partenaires (3 000 depuis l’origine), pour le compte de 900 investisseurs.
3,4% de rendement moyen grâce à l’achat de vaches laitières, louées aux éleveurs.
Ces derniers achètent une vache bien identifiée au prix unique de 1 485 €, certificat de propriété à l’appui, mais ils bénéficient du rendement mutualisé du cheptel. Le taux de rendement moyen atteint sur les 10 dernières années est de 3,4%. Et ce rendement peut être supérieur grâce à une défiscalisation avantageuse : les gains, taxés comme une plus-value au titre des bénéfices agricoles, sont exonérés d’impôt après 5 ans. C’est d’ailleurs la durée minimum recommandée d’investissement qui, idéalement, est de 10 ans. Ce n’est pas tout, l’acquéreur peut aussi déduire chaque année de son revenu global 10% de sa mise, sous forme d’amortissement. L’économie d’impôt procurée vient aussi grossir le rendement final.
Les frais sont évidemment regardés de près par l’AMF. Ici, ils s’élèvent à 14% (4% de frais à l’entrée et 10% de frais de liquidation à la sortie), sans oublier 125 € de droits d’enregistrement pour le Trésor (quelque soit le nombre de bêtes achetées). Quant aux risques, ils sont de deux sortes, résume Sébastien Dumais : « Un risque en capital en cas de perte des animaux, dans les cas où l’assurance ne jour pas, en cas de guerre par exemple. Et un risque en liquidité, si les animaux ne peuvent pas être vendus. Leur valeur tomberait alors à 800 e, le prix de la boucherie« . »