L’article de Vincent Bussière dans le magazine Mieux vivre votre argent.
Parution le vendredi 26 mars 2022.
Financer des vaches confiées à un éleveur procure un rendement intéressant, avec une fiscalité douce. Zoom sur Elevage et Patrimoine qui propose ce type d’investissement.
Depuis l’affaire UBS, l’expression « carnet de lait » a mauvaise presse (la banque avait été condamnée à une amende de 10 millions d’euros). Le terme renvoie pourtant à l’univers bovin qui peut offrir des opportunités aux épargnants. Investir dans une vache fait partie des placements atypiques. Nombre de sociétés le proposent dont Elevage et Patrimoine , une société de gestion née en 1993 et agréée par l’Autorité des marchés financiers (AMF). L’intérêt ? « Diversifier son patrimoine à long terme, alléger ses impôts et soutenir l’agriculture française » , comme le résume Sébastien Dumais, le président. Le tout, selon lui, avec un rendement annuel brut de fiscalité proche de 5 %, sur les dix dernières années.
Le principe : un épargnant achète une vache laitière (à partir de 1 485 euros). Cette dernière est sélectionnée par les techniciens de Gestel, la régie technique du gérant d’actifs, et confiée à l’un de ses 3 000 éleveurs partenaires. Qui l’exploite et se rémunère sur la vente du lait, tandis que l’investisseur peut choisir entre deux rémunérations, à partir de la troisième année : le produit annuel, ou somme en numéraire, ou la capitalisation, à savoir des droits sur une génisse issue de la descendance de sa vache afin de perpétuer son investissement. Le tout, imposé comme bénéfice agricole (BA) avec un abattement de 87 % sur les recettes hors taxes pour une détention d’au moins dix ans. S’il opte pour sa revente, le produit sera défalqué de 10 % de frais.
Des risques bien présents
« Nos investisseurs acquièrent des actifs presque équivalents à de l’immobilier, tout en participant à la reconquête de notre souveraineté alimentaire » , souligne Sébastien Dumais. Avant de pointer le potentiel du lait tricolore, considéré comme le meilleur du monde. « Depuis la crise de 2010, les cours demeurent bien orientés. La tendance bénéficie aussi d’une baisse du nombre d’éleveurs et d’une augmentation de la taille des exploitations laitières, qui permet de maîtriser les coûts et les risques » , poursuit-il. Le cheptel géré par Elevage et Patrimoine compte 30 000 têtes de bétail (1 % du total national), dont un dixième certifié bio, et deux milles têtes acquises tous les ans.
Cet investissement n’est pas exempt de risques : perte en capital en cas de guerre, de catastrophe naturelle ou de pandémie non assurée. De même, l’invasion de l’Ukraine et les sanctions contre la Russie renchérissent les cours des céréales et fourrages, qui nourrissent ces vaches. Quant à l’absence de descendance femelle, cet aléa est réduit avec l’achat par les éleveurs de paillettes congelées et l’insémination artificielle. « Nos contrats imposent à nos éleveurs l’obligation de
renouveler leur troupeau avec des génisses » , précise Sébastien Dumais. Quid du risque de liquidité si l’investisseur préfère céder son animal ? Il sera revendu pour de la viande de boucherie, avec une décote de plus de 40 %.
A noter : soutenir des éleveurs peut aussi se faire via le microcrédit comme le propose l’association Zebunet qui finance au Vietnam, à Madagascar et en Afrique des zébus et des cochons. « Il s’agit de responsabiliser des éleveurs locaux. Nous étudions leur business plan, les conditions de remboursement et les échéanciers », explique Hanh Ha, sa dirigeante qui revendique 10 000 animaux financés et confiés à plus de 8 000 familles depuis près de vingt ans. Le tout, avec pour
l’investisseur, une déduction fiscale de 66 % de son investissement au titre de la loi sur le mécénat.